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L'Etat et les collectivités pourront-ils sauver la Culture?

L’Etat a su déployer des moyens encore jamais vus pour soutenir la Culture, dans un moment critique pour les musées, les cinémas et les salles de spectacles. Un plan de relance massif de deux milliards d’euros a été annoncé par la Ministre de la Culture et de la Communication, Roselyne Bachelot, le 3 septembre dernier.


UN SECTEUR PATRIMONIAL / MUSÉAL FORTEMENT SOUTENU

Dans le détail, le secteur des Musées et du Patrimoine représente près de 20% du plan de relance* (pour un poids économique de 4% du secteur culturel) soit autant que le Spectacle Vivant, qui lui représente 19% du chiffre d’affaires du secteur (cf. page 9, monographie du financement de la Culture). Au-delà des comparaisons quantitatives, le secteur des Musées et le Patrimoine se révèle historiquement fortement dépendant des aides publiques (avec un taux moyen de subventions de plus de 50%) : les soutenir massivement était indispensable, d’autant que ce secteur revêt un aspect symbolique fort pour les Français.


DES RESTRUCTURATIONS À VENIR POUR LE CINÉMA ET LE SPECTACLE VIVANT

Parmi les secteurs en crise, le Cinéma a beaucoup fait parler de lui. Les aides publiques affectées au Cinéma représentent 18% du plan de relance*, (pour un poids économique de 31%) et permettent de soutenir les exploitants face à des charges fixes élevées et face à l’année la plus faible en fréquentation depuis 30 ans. Même si une relance rapide du secteur grâce aux films « blockbusters », dont la sortie a été décalée, est à espérer, les plus petits exploitants restent très fragilisés et doivent être la cible prioritaire des aides publiques.

Le Spectacle Vivant est certainement le secteur le plus touché par la crise : la fermeture des salles de spectacle a durement affecté l’économie du secteur. Mais les aides publiques n’empêcheront probablement pas les difficultés de certains exploitants, ce qui impliquera une accélération du mouvement de concentration que connait déjà le secteur au profit de grands groupes (Exemples : Lagardère ou Fimalac).



"Captant 19% des aides pour un poids économique de 4%, le Gouvernement a fortement soutenu le secteur patrimonial"



UNE NÉCESSAIRE QUANTIFICATION DES EFFETS DU SOUTIEN PUBLIC

Le soutien public fait parfois débat dans la société compte tenu de l’endettement qu’il génère pour l’Etat et les collectivités.

Cela dit, Nova Consulting a démontré dans une quarantaine d’études sur les retombées économiques de la Culture que le financement public se traduisait par un impact économique (direct et indirect) positif sur notre économie (1€

de financement public donne entre 3 et 15€ de retombées). Il s’agit bien là d’un plan de relance de l’économie et non pas juste d’un plan de soutien comme certains le pensent parfois.





COMMENT JUGEZ-VOUS L’AMBITION DES AIDES GOUVERNEMENTALES DE SOUTIEN A LA CULTURE ?

Dans le secteur privé, les nombreuses initiatives de l’Etat (chômage partiel, PGE, prise en charge des intermittents) ont assuré la survie des acteurs – aucune grande faillite notable n’est d’ailleurs à déplorer. Les outils se sont rapidement déployés pour assurer un sauvetage immédiat – induisant une forte dépendance de toutes les entreprises et établissements culturels.

La difficulté réside dans la relance : le plan actuel pour la Culture ne doit pas être qu’un plan de sauvetage, mais aussi un plan de relance !


QUELLES PERSPECTIVES ENVISAGEZ-VOUS POUR LES DIFFÉRENTS SECTEURS CULTURELS ?

L’enjeu est de permettre aux acteurs culturels d’investir et de réinvestir. Ce sujet va être capital dans le secteur du Patrimoine : les travaux de rénovation à long terme ont tendance à être reportés, mais le coût de ce report est dangereux à deux titres : le risque est grand de tomber dans un statu quo morose, et de voir le prix des opérations s’envoler avec la dégradation lente des bâtiments dont la dégradation est sans cesse reportée.


"Le Ministère de la Culture doit être un financeur stable, bien entendu, mais sans maintenir le secteur sous perfusion"


Le Ministère de la Culture doit être un financeur stable, bien entendu, mais sans maintenir le secteur sous perfusion. A ce titre, le plan de sauvetage devra être suivi d’un plan de relance qui permette de réinvestir pour l’avenir, et de lancer de nouvelles perspectives pour les lieux qui doivent se réinventer. Par exemple, le secteur du Cinéma va subir de profondes mutations : les pratiques de consommation ont été bouleversées pendant le confinement, avec l’augmentation significative des abonnements aux plateformes digitales (dont la contribution dans le cadre de l’exception culturelle française est d’ailleurs logique et attendue), et l’optimisation des technologies de projection à la maison, qui deviennent de plus en plus accessibles. Les cinémas devront devenir des lieux de vie, avec des expériences irremplaçables.


DANS CE CONTEXTE, QUELLES OPPORTUNITÉS ET QUELLES PISTES DE DÉVELOPPEMENT POUR LE DOMAINE DE CHANTILLY ?


D’abord, il s’agit de rouvrir le Domaine au public. Je discerne ensuite deux perspectives pour Chantilly : attirer les publics locaux, et innover dans le financement des investissements.

• Dans un premier temps, il s’agit de s’inscrire dans une logique de fidélisation des visiteurs et d’allongement du temps de visite – notamment avec des offres en partenariat avec les sites touristiques de la région – pour pallier la baisse mécanique de notre visitorat étranger (30% de la billetterie) sur les 2 à 5 ans à venir.

• Dans un second temps, le défi se tourne vers le financement, afin d’inventer des stratégies, notamment de mécénat, plus dynamiques et innovantes, avec de nouvelles contreparties.


"L’enjeu est de permettre aux acteurs culturels d’investir pour se réinventer"



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